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Qu’est-ce que tu as fait, mon pays?

June 24, 2016

Flag-Pins-France-European-UnionIl y a des moments dans une vie où on ne peut pas comprendre ce qui se passe dans le monde. Les événements si grands, si tumultueux, qu’on ne peut que regarder, bouche bée, stupéfait. Pour moi, aujourd’hui est un de ces moments.

Ce matin 52% de la population du Royaume Uni ont voté pour quitter l’Union Européenne. D’un seul coup, le monde dans lequel j’ai grandi, dans lequel j’ai passé toute ma vie, est disparu, anéanti sur les caprices d’une partie de la population qui, apparement, ont tombé dans les filets des politiciens populistes et d’extrême droite, menants une campagne anti-Européenne d’hystérie et de la peur – le soi-disant “Brexit”.

Mon grand-père a combattu durant la Deuxième Guerre mondiale. En juin 1944 il a débarqué pas loin d’où j’habite aujourd’hui, au Port-en-Bessin, dans la Normandie. Il connaissait une Europe où les nations se détestaient au point qu’ils étaient prêts à s’entretuer, dans un conflit qui à occasionné les morts de millions de personnes. Après la guerre, le monde a dit: jamais encore. Et nous avons crée l’Union Européenne, afin d’assurer que désormais les conflits en Europe pouvait être résolus par les débats et les négotiations, et non pas par le recours à la guerre.

Ça, c’est le monde dans lequel j’ai grandi. Un monde où il existait une Europe paisible, une union de pays amicals, où on pouvait avoir des amis français, allemands, espagnols, italiens, sans jamais penser qu’un jour nous pourrions être des ennemis. Avant l’Union Européenne, il y avait une guerre en Europe tous les quatres ans. Avec l’Union Européenne, nous avons eu 70 ans de paix. Ç’est impressionant. Nous devons en être fiers.

Et moi, j’étais fière. Je le suis encore – comme beaucoup de mes compatriotes, malgré le résultat honteux du référendum aujourd’hui. Avec mon mari, nous sommes venus vivre en France il y a plus de dix ans. Nous étions anglais, mais nous étions aussi des citoyens Européens, et c’était un tel grand plaisir de pouvoir se déménager dans un pays aussi beau, d’un peuple aussi chaleureux et acceuillant, que la France. Nous avons été heureux içi, dans notre pays adopté.

Et alors maintenant. Des gens effrayés, xénophobes, racistes, ou même tout simplement confus, ont décidé que la précarité en Angleterre (et ailleurs en Europe) n’était pas due à la crise économique occasionnée par les renflouements des grandes banques privées en 2008 et après, mais aux gens les plus faibles et nécessiteux dans nos sociétés – les réfugiés, les immigrés. Même si leurs voisins étaient exactement ces immigrés – les habitants de l’Union Européenne. Les gens comme moi. Ç’était une théorie si ridicule, si naive, que c’était trop facile à réfuter. Mais quand même, malgré tous les faits, tous les données, les gens persistaient à y croire. C’était difficile à comprendre pourquoi.

Donc, grâce aux mensonges publiés par certains organes des médias Britanniques, 52% de la population ont décidé de quitter l’Union Européene – l’organisation qui a garanti leur prospérité, leurs droits, leurs avenirs, depuis des décennies, et, au lieu de ça, d’embrasser une politique de xénophobie, de la peur, et de la ressentiment.

Aujourd’hui, j’ai honte. Plus que ça – mon coeur est brisé. J’avais un rêve, d’une Europe de la paix, d’une union des peuples, vivantes et travaillantes ensemble pour créer un avenir de l’espoir et de l’optimisme. Et mon pays était au coeur de ce rêve, avec la France, l’Allemagne… Mais le Royaume Uni a décidé qu’il préfère un monde “faux-ancien” – un monde qui n’a jamais vraiment existé, mais duquel on est encore nostalgique. Mais aussi un pays où les aristocrates cachés gèrent le pays comme leur propre domaine féodale. Non redevable.

Mais le rêve continue encore. La France, l’Allemagne, les Pays Bas, l’Espagne, l’Italie, la Pologne, et beaucoup d’autres pays – 27 en tout – continuent à croire à la vertu de résoudre nos problèmes et nos affaires Européennes communes par la négociation et par les débats, sûrs qu’ils sont plus forts, et plus prospères, ensembles plutôt que seuls.

Nous avons crée une vie içi en France, tout en croyant au grand projet Européen. Et nous y croyons encore, et nous continuerons à travailler pour que ce rêve continue à se réaliser et se développer. Il ne faut pas oublier notre passé içi en Europe; il ne faut pas laisser ce rêve mourir. Il est trop précieux. Il a été payé chèrement, avec du sang, de la souffrance, de la sueur, et du labeur de millions de personnes.

Malgré le référendum anglais, moi, je reste. J’aime l’Europe. J’aime la France.

Vive l’Union Européenne, et vive la France. Et vive l’amitié!

Sarah
La Belle Normandie, 24 juin 2016

One Comment leave one →
  1. June 24, 2016 5:38 pm

    La démagogie de l’égocentrisme et du repli identitaire l’a emporté…:(

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